Le projet pédagogique
Le contexte
Les élèves d’aujourd’hui baignent depuis leur naissance dans un monde d’images. Gros consommateurs, les jeunes de 16 à 24 ans passent de plus en plus de temps, les yeux rivés sur leur téléphone portable, soit près de quatre heures au total par jour, deux fois plus qu’il y a un an, selon un sondage OpinionWay. Le temps global accordé par les 16-24 ans à des activités sollicitant la vue a lui aussi augmenté, passant de 7 heures et 54 minutes l’an dernier à 9 heures et 24 minutes cette année, soit une hausse de 16%, qui s’explique principalement par une consultation accrue du portable.
Les intentions éducatives
Dans le cadre du projet de l’association, de l’expérience de ses membres et des intervenants gravitant autour de la structure, nous avons choisi de travailler autour de l’image et du son, avec pour objectif de donner aux élèves quelques clefs qui les aideront à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent. En décryptant l’image, en désacralisant sa fabrication, en leur apprenant à fabriquer eux-mêmes des images, nous voulons les habituer à exercer leur esprit critique pour qu’ils puissent passer d’un statut de spectateur passif à celui d’acteur exigeant et averti.
Comment mettre en œuvre ces nouveaux enjeux, ces nouvelles dynamiques ? Comment mettre en place concrètement des ateliers d’éducation à l’image qui prennent en compte ces nouvelles dimensions et comment atteindre ces nouveaux objectifs ?
La maîtrise de l’outil
Depuis la révolution numérique, nous avons tous dans la poche un outil de capture d’image et de son, et cela en quasi-continu. Nous avons donc dans l’idée que les jeunes gens sont hypercompétents avec les outils numériques. Que, finalement, nous n’avons rien à leur apporter. Pourtant, savoir tenir un stylo et former des lettres n’est pas suffisant pour pouvoir écrire une œuvre. Un outil n’est rien sans sa maîtrise.
La pratique de cet outil numérique se heurte à deux obstacles, le premier est la maîtrise de la lecture qui reste la base de cette société de l’information et de l’image. Le second étant la méconnaissance de l’envers du décor et du fonctionnement de ce mécanisme, en découle une pratique non maîtrisée, notamment au niveau de la vie privée et de l’intimité.
L’échange
Qui dit nouveaux outils, dit nouvelles pratiques. Il s’agit simplement d’identifier les pratiques sociales, les façons d’être présent à l’autre qui sont une composante essentielle de la matière de notre monde. Une partie des échanges humains, bien réels (car nous y vivons des émotions, nous y construisons notre identité), s’opère par numérique interposé. Ces nouveaux outils et services contiennent, donnent naissance, nous font inventer et nous font pratiquer de nouveaux langages. L’audiovisuel est l’un d’entre eux, de plus en plus central : un langage avec sa grammaire, ses figures de style, ses présupposés culturels, etc.
Le langage
Pour être libre dans un espace social, il faut en maîtriser le langage. Car langage est pouvoir. Mais comment apprendre, comprendre, maîtriser, un langage ? Il faut alors observer, se poser des questions, réfléchir et surtout écouter pour enfin apprécier les rouages et les règles. Un langage, c’est donc avant tout des règles qui régissent un système. Nous devons accompagner les élèves à la découverte de ces codes pour qu’ils puissent se les approprier. Ainsi, comprendre les engrenages, permet de développer son esprit critique. Savoir, c’est pouvoir.
La création
Une fois intégré, le langage permet de formuler son expression. Qu’est-ce qu’une pratique créative ? Travailler une expression créative, c’est s’adresser à un autre, c’est un partage de sentiments, d’histoires, de points de vue. C’est aussi une découverte de soi-même. La compréhension mutuelle est la base de la compassion.
Les objectifs opérationnels
- Maîtriser les outils nécessaires : caméra, lumière, micro…
- Comprendre l’écriture cinématographique : le rôle de l’image, des paroles, de la musique, du rythme,…
- Inventer de petits scénarios, écrire le récit et les dialogues.
- Définir en commun les messages à faire passer.
- Imaginer et préparer la mise en scène.
- Apprendre à travailler en équipe sur un projet commun : écouter les autres, échanger, argumenter, convaincre,…
- Participer à toutes les phases de construction du film : préparation, écriture, découpage, création des décors, prises de vue, sons, montage, …
L’évaluation du projet
- Les jeunes se sont-ils impliqués dans l’atelier ?
- Les jeunes maîtrisent-ils leurs outils ?
- Les jeunes évoluent-ils au sein d’un groupe ? Communiquent-ils ?
- Les jeunes ont-ils fait preuve de créativité ? Prise d’initiatives à l’élaboration d’actions ?
L’évaluation est indispensable à tout projet, elle doit être autant quantitative que qualitative.
Des critères d’évaluations passeront par l’observation et l’implication des élèves.
Conclusion
L’équipe reste incontestablement garante de la mise en vie des objectifs généraux et opérationnels de ce projet pédagogique. Ce projet n’est pas immuable, il est soumis à l’évolution de notre réflexion et il pourra s’adapter aux besoins qui apparaîtront.